23.10.14

Le sédévacanctisme incohérent




Dans cette vidéo (à partir de 51' 42 ") l'abbé Lafitte, qui fait par ailleurs un exposé très intéressant, découvre l'incohérence du sédévacantisme. Il est d'avis que l'enseignement moral de Pie XII aux sages-femmes de Rome est infaillible. Il annonce en conséquence qu'il ne donnerait pas l'absolution au mari ou à l'épouse qui prétendrait faire usage de la méthode naturelle d'espacement des naissances en dehors de cas prévus par Pie XII (ce doit être quelque chose comme santé de la future mère, santé de l'enfant à naître, problèmes économiques et un autre dont je ne me souviens plus).

Fort bien. Mais en définitive le prêtre donne l'absolution au nom de son évêque et en cas de doute de l'évêque, au nom du pape.

Aujourd'hui comme hier, le prêtre donne l'absolution ou pas ; mais en définitive dans les cas que l'évêque juge douteux, c'est la sacré pénitencerie qui donnera la réponse.

Dans l'affaire des jansénistes, un individu avait soumis ce cas de conscience à son confesseur: il gardait un "silence respectueux" sur l'enseignement du pape (sur la bulle Unigenitus, si mes souvenirs sont bons). Le confesseur avait été incapable de lui dire si son attitude était un péché ou non. L'évêque du lieu non plus. C'est pourquoi le cas avait été soumis à la Sacrée pénitencerie de Rome qui avait répondu positivement. La Sacrée pénitencerie fonctionne même pendant le vacances du Siège apostolique, mais elle fonctionne sous l'autorité du pape...

Sous le règne de Benoît XVI on avait montré les dossiers de la Sacré pénitencerie. Ils concernaient des cas de consciences soumis à Rome depuis des siècles. Personne ne pouvait en prendre connaissance parce ce sont des affaires de conscience ou plutôt de consciences qui doivent rester secrètes jusqu'à la fin du monde.

Seule Rome en définitive permet de donner l'absolution ou de la refuser et elle seule le peut jusqu'à la fin du monde (pour les cas courants, le prêtre donne l'absolution ou la refuse - parfois à tort - toujours au nom de l'évêque).

Cet exemple démontre que personne ne peut se faire juge de Rome. Rome est une miséricorde, personne ne peut s'instituer miséricorde. Rome est une donnée de foi, personne ne peut s'instituer docteur de la foi. Être juge est réservé à certains et personne ne peut juger à leur place parce que seules ces personnes ont qualité pour juger. Plus concrètement un prêtre sédévacantiste (ou lefebvriste) ne peut donner l'absolution au nom du pape, ni en référer pour les cas délicats à Rome puisqu'il a perdu la foi en Rome. Donc son absolution ne vaut pas comme absolution de l'Église catholique. Ce cas pratique est le papier de tournesol de la croyance en l'incarnation, la visibilité de l'Église.

C'est pourquoi le sédévacantisme est, selon moi, radicalement incohérent, car il condamne Rome en se croyant docteur vivant de la foi.

Je trouve le pape François très laid. Débraillé, son regard fait froid dans le dos. Il me fait peur lorsque je le vois en photo. Selon moi, il viole la liberté religieuse des croyants au moins en pratique (affaire de l'usage de certains missels). Ses prises de position pratiques encourageant les relations homosexuelles me font horreur. Mais je ne peux recevoir l'absolution que de lui en définitive. C'est pourquoi, je me raisonne. Je me dis que Dieu permet ces scandale et qu'Il a ses raisons que je ne connais pas. Mais je crois qu'en même temps, je dois croire qu'il est le vicaire du Christ et qu'il l'est en fait dès qu'il engage son infaillibilité ou qu'il donne un ordre dans le périmètre de sa compétence. Dura lex, sed lex.

Il en est de même en matière de validité des sacrements. Personne à part le pape ne peut décider de l'invalidité d'un sacrement. Personne ne peut donc dire que les nouveaux prêtres ne sont pas prêtres depuis que le cruel Paul VI en a changé le rite. D'ailleurs, par un effet de la miséricorde divine, on voit, on sent que les prêtres ordonnés selon le rite de Paul VI sont prêtres. Un prêtre a quelque chose en plus que les hommes ordinaires et les prêtres catholiques actuels, les évêques actuels ont cette chose insensible et que l'on sent pourtant qui est en plus que le commun des mortels.

Je lui suis donc soumis en tout ce qui concerne la foi et recouvre ma liberté dès qu'il s'agit de raison, de droits de l'homme, de laïcité. C'est la mise en application de  la sphère d'autonomie des laïcs dont parle le Compendium.

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