3.4.15

Salut O croix, source de liberté !

Aujourd'hui vendredi Saint, nous méditons les souffrances du Christ. Benoît XVI nous a averti que nous ne devons jamais séparer la Croix de la Résurrection, ni la Résurrection de la Croix.

La faute entraîne la souffrance. C'est une équation nécessaire. Cependant chez l'homme du fait de sa raison discursive, il y a possibilité de se raviser, de progresser, d'acquérir ce qu'il n'avait pas. C'est pourquoi il y a coexistence de la faute avec de la possibilité de rédemption.



Dès lors la souffrance est inséparable de la joie. Le Vendredi Saint annonce Pâque et à Pâque nous nous souvenons de la croix. Mais le Vendredi Saint nous sépare du vieil homme s'abrutissant dans les plaisirs, il nous donne une joie spirituelle.

Devant l'évidence des fautes humaines, donc devant l'évidence de la nécessité de la souffrance, la croix est source de joie, parce qu'elle est le prix payé par le Christ. Le Christ nous invite à partager ses souffrances. Ce prix, payé par le Christ et par nous grâce à Lui, nous donne accès à la béatitude.

Il me semble également qu'il existe une autre source de joie et d'espérance dans le Vendredi Saint. Je la cherche dans le Catéchisme du Concile de Trente:
Soif, souffrances dans ses membres et sur sa peau, lui font fermer les yeux


« § I. — QUI A SOUFFERT SOUS PONCE-PILATE
(…) [Jésus] fut arrêté, accablé de railleries et d’injures, tourmenté de diverses manières, et enfin attaché à une croix. Et il n’est pas permis de douter que son âme, dans sa partie inférieure, n’ait été sensible à ces tourments. Car par le seul fait qu’Il avait revêtu la nature humaine, nous sommes obligés de reconnaître qu’Il ressentit dans son âme la plus vive douleur. Aussi dit-il Lui-même: « mon âme est triste à en mourir ». Sans doute la nature humaine se trouvait unie en Lui à une personne divine, mais il n’en est pas moins vrai qu’Il souffrit toute l’amertume de sa Passion, comme si cette union n’avait pas existé. Les propriétés des deux natures furent conservées dans la Personne unique de Jésus-Christ. Par conséquent ce qui, en Lui, était passible et mortel, demeura passible et mortel ; et ce qui était impassible et immortel, c’est-à-dire la nature divine, ne perdit rien de ses qualités essentielles. »

Une partie de Jésus, sa divinité, était donc impassible. C'est un motif de joie. Au milieu de nos souffrances, gardons l'espérance, quand les hommes, les assermentés, les décorés nous accablent d'outrages, gardons la joie et l'espérance.

Spe salvi (§ 36 extrait) nous avertit:

« Comme l'agir, la souffrance fait aussi partie de l'existence humaine. Elle découle, d'une part, de notre finitude et, de l'autre, de la somme de fautes qui, au cours de l'histoire, s'est accumulée et qui encore aujourd'hui grandit sans cesse. (...) nous devons tout faire pour surmonter la souffrance, mais l'éliminer complètement du monde n'est pas dans nos possibilités – simplement parce que nous ne pouvons pas nous extraire de notre finitude et parce qu'aucun de nous n'est en mesure d'éliminer le pouvoir du mal, de la faute, qui – nous le voyons – est continuellement source de souffrance. Dieu seul pourrait le réaliser: seul un Dieu qui entre personnellement dans l'histoire en se faisant homme et qui y souffre. »
Au lieu de la version officielle, j'aurais traduit la dernière phrase ainsi: « Cela, seul Dieu le pourrait: seul un Dieu qui entre dans l'Histoire, se fait homme et souffre en cet homme. »

En langue originale:

« Zur menschlichen Existenz gehört das Leiden ebenso wie das Tun. Es folgt zum einen aus unserer Endlichkeit, zum anderen aus der Masse der Schuld, die sich in der Geschichte angehäuft hat und auch in der Gegenwart unaufhaltsam wächst. (…) wir müssen alles tun, um Leid zu überwinden, aber ganz aus der Welt schaffen können wir es nicht – einfach deshalb nicht, weil wir unsere Endlichkeit nicht abschütteln können und weil niemand von uns imstande ist, die Macht des Bösen, der Schuld, aus der Welt zu schaffen, die immerfort – wir sehen es – Quell von Leiden ist. Das könnte nur Gott: Nur ein Gott, der selbst in die Geschichte eintritt, Mensch wird und in ihr leidet. »

Autrement dit, le pouvoir du mal, toujours plus fort, entraîne des souffrances toujours plus étendues (mais non plus intenses). Cela pourrait nous désespérer si nous ne savions par la foi que Dieu est entré personnellement dans l'histoire pour y souffrir et éliminer à l'ultime terme et pour nous, les suites des péchés, donc toute souffrance.

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