1.10.15

Méfions-nous des écrits des saints: exemple avec saint Alphonse de Liguori (les bienfaits du Forum catholique)

Après avoir écrit sur les dangers du Forum catholique, je vais poster maintenant sur les bienfaits du Forum catholique.

Lu sur le Forum catholique cette citation de saint Alphonse de Liguori:

« 1- Dans quelles conditions un juge peut-il ordonner qu'un accusé soit torturé ? (N°202)
Réponse : Le juge peut seulement se résoudre à la torture en dernier recours, c'est-à-dire quand une preuve complète ne peut pas être obtenue par des moyens non-violents ; par ailleurs, il doit exister un "quasi preuve" de la culpabilité de l'accusé provenant d'autres sources ; et enfin, certaines classes d'individus ne doivent pas être torturés tels que les enfants et adolescents, les personnes séniles, les femmes enceintes ou se remettant de leur couche, etc. »

Saint Alphonse est docteur de l'Église. L'idée que la torture était possible se trouvait dans le droit romain (voir ici § 20 et 21) du moins dans le droit impérial (selon cet auteur le droit semble l'avoir ignoré du temps de la république)

Figurine révolutionnaire (musée de la Révolution Vizilles). Le temps découvre la vérité


Or il est maintenant devenu évident que la torture est toujours inadmissible, moralement inadmissible.

Le Compendium de doctrine sociale (404 § 2) est net à ce sujet:

« Dans le déroulement des enquêtes, il faut scrupuleusement observer la règle qui interdit la pratique de la torture, même dans le cas des délits les plus graves: « Le disciple du Christ rejette tout recours à de tels moyens, que rien ne saurait justifier et où la dignité de l'homme est avilie chez celui qui est frappé comme d'ailleurs chez son bourreau ».830 Les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme indiquent à juste titre l'interdiction de la torture comme un principe auquel on ne peut déroger en aucune circonstance. »
« 830 : Jean-Paul II, Discours au Comité International de la Croix-Rouge, Genève (15 juin 1982), 5: L'Osservatore Romano, éd. française, 22 juin 1982, p. 11. »

La dignité de l'homme, c'est-à-dire son destin transcendant et divin, interdit tout acte de torture, avant comme après la condamnation.

Saint Alphonse, pris par l'ambiance de son temps, n'osait pas en contredire les idées alors généralement répandues. Il n'en est pas moins canonisé et proclamé docteur de l'Église.

Le temps découvre la vérité.

Soyons en général très indulgents lorsque nous jugeons les idées des autres. Même les saints et les docteurs peuvent se tromper. Et se tromper sur des sujets très graves. Cette vérité sur la torture nous la devons en partie aux Lumières... Voir par exemple Montesquieu, si faible par ailleurs, militer pour l'abolition de la torture. Montesquieu toutefois ne voit pas que la torture est en tous cas contraire à la dignité de l'homme. Il est rationaliste, naturaliste et utilitariste. En pratique, il milite pour le bien métaphysique sans comprendre les fondements métaphysiques de ses positions pratiques justes... Saint Alphonse qui voyait la dignité de l'homme fait pour Dieu, ne voyait pas les conséquences pratiques de ses positions métaphysiques...

« Notre vie est un voyage dans l'hiver et dans la nuit
Nous cherchons notre passage dans le ciel où rien ne luit »
Extrait de la chanson des Gardes suisses, épigraphe du Voyage au bout de la nuit (Louis-Ferdinand Céline).

Un voyage l'hiver, de nuit, par temps couvert... Soyons-donc miséricordieux pour nous autres pauvres voyageurs !

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